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Comprendre le mécanisme psychologique du harcèlement

La peur de réagir est liée à la soumission.

Les harceleurs hiérarchiques, qu’ils soient grands patrons ou simples chefs utilisent tous les mêmes procédés pour emprisonner de manière psychologique leur victime et l'empêcher de se défendre. Ces procédés sont piégeux, donc difficilement détectables et surtout rendent difficile un retour en arrière; la cible est condamnée à s’enfoncer de plus en plus dans le piège.
Pour être invisibles, ces pièges doivent être au départ anodins et s’intensifier au cours du temps. Il faut d’abord retirer à la victime tous ses repères sur la vérité. "Qui a tord qui a raison", tout ceci est détruit par le manipulateur. Cet état de confusion sur la réalité est causé par une mise en état de stress provoqué par une menace permanente et une pression permanente permise par un contrôle absolu de l’employé sur ses horaires, sur ses actes. Le salarié se sent aussi redevable envers l’employeur, il ne peut pas refuser les autres tâches qu’on lui propose en plus. L’élimination de la cible se fait indirectement, puisque c'est le groupe qui renforcera le phénomène du harcèlement sans faire exprès.


Refuser le dialogue

Le conflit n’est pas officiel mais il agit quotidiennement. Le déni de conflit permet au harceleur de continuer tout en empêchant la victime de se protéger, par exemple en cherchant une solution. C’est le principe de la communication perverse, empêcher l’autre de s’exprimer, de penser, de comprendre se qui se passe et donc d’y réagir. Ne pas vouloir dialoguer permet d’augmenter le crédit du harceleur tout en détruisant le crédit du harcelé. Ignorer l’autre permet de montrer au harcelé qu’il a moins de valeur que le harceleur voire qu’il n’existe pas. Comme rien n'est dit, il existe une infinité de reproches possible.
Ignorer la victime permet aussi au harceleur de ne pas se fatiguer car la victime va d’elle-même fabriquer des reproches contre elle. Les fois où des reproches sont exprimés ils sont si flous que le harcelé ne peut qu’interpréter et donc empirer sa situation. Parfois ils sont formulés de manière paradoxale pour totalement déboussoler la victime.
Cela a donc un objectif unique, créer une communication floue pour alimenter les reproches à chaque demande d’explication.


Discréditer

Pour empêcher les autres de réagir et de venir voler au secours du harcelé, il peut utiliser ces méthodes de flou pour influencer les idées des autres. En effet il peut créer un malentendu en jouant sur les mots. De plus il détruit l’image du harcelé auprès des autres en essayant de créer une complicité ou en mentant à son sujet. Le harceleur peut aussi s’arranger pour que la victime entende les attaques sans pour autant pouvoir se défendre ou contredire l’attaque. Cette technique est largement utilisée par des collègues jaloux et envieux qui se sentent obligés de rammener leur cible à leur niveau pour ne pas se sentir inférieur, ou d’un supérieur qui ne sait pas vraiment manager et qui pense pouvoir simuler et augmenter l’efficacité de cette manière.
Ce type de harcèlement entraine généralement une grande colère de la cible et donc justifie le harcèlement car la cible passe pour une personne aliénée. Il faut vous défendre face à ce genre de comportement.


Isoler

Lorsque la personne décide de détruire mentalement la personne, il faut d’abord l’isoler car il est plus facile de détruire une personne quand elle est seule que quand il y a d’autres personnes à côté pour répliquer. De plus,seul, nous n’avons pas l’approbation des autres et si le harceleur est suffisamment manipulateur il peut faire croire que les autres sont d'accord avec lui.
En faisant du favoritisme et des insinuations, le harceleur va créer des envies et des jalousies, chaque personne envie son voisin, ce qui empêche toute union. Cette désunion est souvent provoquée par un collègue tiers qui est jaloux des possibilités d’ascension des autres.
Cette mise à l’écart se fait socialement lors des repas si cela vient des collègues
Sinon, si la mise à l’écart vient de la hiérarchie, la victime n’est plus du tout informée, elle n’est plus conviée aux réunions. Ses seuls contacts avec la hiérarchie sont de simples notes de service. On l’isole aussi de son travail, on ne lui donne plus rien à faire mais on ne lui permet pas de compenser ce manque de travail par une activité qui détend comme lire un livre ou surfer sur le web, non la victime reste dans son bureau à ne rien faire et à attendre de longues heures que le travail soit fini.
Cette technique peut être redoutable, bien plus que la surcharge de travail car cette sous charge crée un vide, supprime la satisfaction de réussir une partie des taches et donc pousse, plus vite à la porte, ou au suicide pour les cas extrêmes.
Vous n’êtes pas seul(e), vous avez droit à des accompagnements contre le harcèlement moral au travail.


Brimer

Comme son nom l’indique, brimer consiste à faire faire des tâches plus ou moins humiliantes, par exemple une personne ayant un master se retrouve à faire une tâche répétitive et inutile. Parfois le harceleur peut s’arranger pour que les conditions de travail soient plus difficile comme une absence de radiateur dans le bureau où la victime travaille.
Le harceleur peut aussi demander des tâches difficiles et lourdes nécessitant à la victime de faire des heures supplémentaires non payées. Pour bien achever la victime le harceleur se débarrassera du travail de sa victime devant elle en déclarant qu’en fait il a changé d'avis et que son travail est caduc.
Enfin ces brimades peuvent être physiques, une bousculade, une porte refermée sur les doigts de la victime, du café chaud renversé par « accident ».


Pousser l’autre à la faute

Le moyen le plus efficace du harceleur pour vous empêcher de vous réveiller est de vous pousser à la faute. Si vous êtes fautif c’est un peu normal que vous soyez attaqué car après tout vous avez fait des erreurs, c’est ce genre d'idée qui vous viendra en tête.

Angéla, victime de harcèlement moral

Angéla est couturière tapissière. Elle a longtemps été salariée d’un tapissier décorateur à Lyon. A 50 ans, elle n’avait pas de problèmes pour trouver du travail car son talent était recherché. Mais dans son entreprise une chef de service était jalouse de son talent. « Je pense qu’elle avait sûrement peur que je prenne sa place. Elle ne voulait pas me donner de jours de congés quand je le souhaitais, elle m’humiliait devant les autres… C’était très dur moralement pour moi. Je n’avais pas beaucoup de soutient de la part de mon entourage qui ne voyait pas ça comme du harcèlement. » Mais elle qui n’avait jamais connu ce type de pression auparavant, s’est retrouvée complètement déboussolée. Elle décide elle-même de se faire coacher. « Parfois il ne faut pas attendre une aide extérieure mais savoir se prendre en main soi-même. Puis je peux dire que je suis fière de moi de ne pas m’être laisser débordée par la situation. Je me suis rendu dans le centre le plus proche de chez moi, c’était TIMETO. ». Quand elle passe les tests et dresse le profil de son ‘agresseuse’ c’est la douche froide : un portrait froid et sadique se dresse ; elle prend une claque. « J’ai eu une grosse prise de conscience. J’ai décidé de fuir cette boîte. Au début j’avais pour idée de me mettre à mon compte. Mais finalement j’ai trouvé du travail dans une autre boîte et tout se passe très bien là-bas. Je peux dire que j’ai bien fait. »